L'argent de l'esclavage dans les coffres suisses 
27/10/2005

Après «La Suisse et l'esclavage des Noirs», paru en français en avril, un second livre de Hans Fässler analyse le rôle de la Suisse dans l'esclavagisme. «Reise in Schwarz-Weiss», qui vient de paraître, montre que les entreprises suisses ont gagné des fortunes grâce aux esclaves.

Dans ce nouveau livre paru aux éditions Rotpunktverlag - et disponible pour l'heure seulement en allemand - l'historien Hans Fässler montre que la Suisse a bien été impliquée dans le commerce des esclaves.

Dans toutes les régions du pays, l'auteur a retrouvé la trace d'investisseurs qui ont financé ce commerce, d'entrepreneurs qui ont possédé des esclaves ou de soldats qui ont participé à la répression de leurs révoltes.
 
L'esclavagisme constituait la base d'un système économique complexe autour de l'Atlantique. Ce système a largement contribué au développement économique européen des 18e et 19e siècles.

Au cours des 19 chapitres du livre, Hans Fässler montre comment la Suisse a réussi à tirer parti de cet essor du commerce international. Au 18e siècle, la Suisse importait plus de coton produit par des esclaves que l'Angleterre.
 
 
De Toussaint Louverture à l'implication helvétique
  
L'historien saint-gallois a commencé à s'intéresser aux relations entre la Suisse et l'esclavagisme durant la préparation d'un spectacle consacré à un héros haïtien de la révolte des esclaves, Toussaint Louverture. Hans Fässler a créé ce spectacle pour les 200 ans de l'entrée de St-Gall dans la Confédération en 2003.
 
Lors de ses recherches, il est tombé sur des familles st-galloises qui possédaient à l'époque des plantations avec des esclaves. Le fait a suscité sa curiosité, car cela ne correspondait pas à l'image qu'il avait de la Suisse. Et son enquête a apporté son lot de révélations.
 
Un premier livre sur la question, intitulé «La Suisse et l'esclavage des Noirs», est paru en français en avril aux éditions Antipodes.
 
 
Un système économique européen
  
Les révélations de Hans Fässler avait suscité un débat politique en Suisse. Pourtant, les relations négrières de la Suisse du 18ème siècle ont été le fait d'individus, et non pas celui d'une politique nationale ou cantonale. Est-ce donc aux institutions de s'interroger sur ce passé? C'est une question que swissinfo avait posé à Hans Fässler en mars 2003.
 
«Pour moi, ce n'est une question ni nationale, ni individuelle. Je préfère voir cela d'un point de vue européen. C'est-à-dire que la traite était un système économique qui enveloppait toute l'Europe, et personne ne peut dire qu'il n'en faisait pas partie», avait répondu l'historien.