Le Colonel Suisse Forgeoud au Surinam

Le 20 Septembre 1772, une troupe commandée par les lieutenants Frederici (le futur gouverneur) et Mangold, comprenant des Black Chasseurs, réussit par ruse, et après une résistance acharnée des Boni, à s'emparer de Buku. Cinquante marrons sont capturés, et plus de 100 tués, (dont 60 au cours de la poursuite qui s'ensuivit). Ce fut un coup sévère pour les Boni. En 1772, un corps expéditionnaire de 525 hommes, commandé par le colonel suisse Fourgeoud, arrive des Pays-Bas. De nombreux différends s'élèvent dès le départ entre Fourgeoud et le gouverneur Nepveu. Ils portent tant sur la tactique à adopter à l'encontre des Boni que sur des points de protocole et la politique à suivre à l'égard des Marrons pacifiés. Si bien que l'offensive contre les Boni ne commence qu'au bout de six mois.

Dès le début de 1773, les relations entre les colons et les marrons pacifiés (les Saramaka et les Djuka) se détériorent à cause de la pingrerie des premiers dans le règlement de leurs redevances envers les marrons. Fourgeoud Choisit le camp des marrons pacifiés, ce qui ne plait pas aux colons. Cette période de calme militaire relatif est interrompue par une attaque des Boni contre une plantation de la crique Paramaca, une branche de la rivière Cottica. Une poursuite engagée à la suite de cette attaque conduit le lieutenant Lepper et ses 30 hommes dans une embuscade dont deux seulement réchapperont. Cette défaite oblige les colons à différer le départ de Fourgeoud. Le colonel prépare longuement et soigneusement sa campagne en effectuant une reconnaissance soigneuse du terrain et en tentant de semer la discorde chez les Boni. Il entre en campagne en septembre 1773, et devant le manque de succès il est amené à utiliser une nouvelle stratégie dès le moi d'octobre. D'octobre 1773 à mai 1774, basé dans la plantation Roosenbeck, le colonel utilisera les Free Corps Negroes, les Black Chasseurs et les propres troupes de la colonie pour ratisser la zone située entre les criques Peninica, Paramaca et Tempati. Ce dispositif lourd et voyant donne très peu de résultats. S'il détruit les villages et les abattis, réserves en vivres des marrons, il aura surtout pour effet d'épuiser les soldats, déjà souvent malades et mal adaptés au milieu tropical humide.

En août et septembre 1774, deux autres expéditions donnant le même résultat convaint le gouverneur Nepveu dans le caractère illusoire de cette tactique. Il propose une tactique plus offensive, procurant victimes et prisonniers, adaptée à la guérilla boni.

En 1774, le gouverneur Fiedmond adresse un mémoire au ministre dans lequel il dit que les "réfugiés" sont "utiles à recevoir, dangereux à refuser"

Au début de 1775, Fourgeoud reçoit de nouvelles troupes, qu'il met aussitôt en action malgré la saison des pluies et leur inadaptation au milieu. Non seulement les résultats militaires sont médiocres, mais la maladie frappe durement et souvent mortellement aussi bien les vétérans que les nouveaux venus.

En juillet 1775
, dans la région de Locusboom, les Free Corps Negroes et des Black Chasseurs, sous les ordres de Stoelman, s'emparent de 3 villages: Gado Sabi, New Tessissi, Makamaka. Constituant un complexe fortifié dont l'élément principal est le village de Gado Sabi (Dieu sait), sur la crique Barbacuba. Les occupants réussissent à s'enfuir en emmènant leurs provisions après avoir mis le feu aux constructions (116 habitations pour Gado Sabi et Cosay). Ce même mois, Baron est tué au cours d'une attaque représaille dans la région boisée de Winne, sur la Patamaca. Le baron Bessner rédige un rapport dans lequel il invite les Marrons du Surinam à venir s'installer dans la région de la Guyane, entre la rivière Sinnamary et le fleuve Maroni.

En 1775, Fourgeoud ravage les villages de Kofi-Hay, et Holi-Mi dans les environs de la Cassipera.

En octobre 1775, il découvre et détruit Kibri Kondre qui semble être la place forte de Boni, Baron, Cormantin, Codjo: Un complexe fortifié de 116 habitations. Au cours de cette même année d'autres villages et d'autres abattis sont ainsi détruits, mais toujours après le départ de leur occupants. Le gouverneur Nepveu qui estime que les actions de Fourgeoud sont insuffisantes pour protéger la colonie décide, contre l'avis du Conseil Politique et avec le soutien de la Mère patrie, d'édifier un cordon militaire autour de la partie cultivée de la colonie, en complétant celui qui existait déjà entre la Perica et la haute Cottica par un ligne de postes militaires entre la rivière Surinam et la Haute-Commewine. L'impact du "cordon" est bien moindre que ce qu'en escomptait Nepveu, pour la raison que les Boni traversent le Maroni en août 1776 et janvier 1777 et ne troublent plus jamais la vie de la colonie, sauf pendant une période de 5 ans entre 1788 et 1793. Toutefois, les colons, incertains de contrôler la situation, empêchent le départ de Fourgeoud. Au contraire, il reçoit 750 hommes de renfort et entre à nouveau en campagne. Il ne trouve qu'un seul village habité, sur une île entourée de marais, au nord de la crique Wane, près du Maroni.


[aus: http://perso.wanadoo.fr/redris/HTML/Noirmar.htm]