Die relative Bedeutung der Genfer und St. Galler Finanzwelt

Nous avons vu par quel concours de circonstances la minuscule République de Genève avait pris, dans les dernières années du règne de Louis XIV, une importance hors de toute proportion pour les affaires financières de France. Il était assez naturel que les huguenots français dispersés à travers l'Europe, et spécialement nombreux sur les grandes places d'Amsterdam et de Londres, mais qui avaient gardé leurs relations avec leur pays et leur milieu d'origine, se soient faits un peu partout les intermédiaires d'affaires entre la France et leur pays d'adoption. Or, pendant plus de vingt ans de guerres et d'interruption des relations commerciales normales, et particulièrement pendant la guerre de Succession d'Espagne, Genève, par sa double qualité de place neutre entre les belligérants et de point de convergence de l' «internationale huguenote », éttait devenu l'un des principaux relais de correspondance par oû les agents de l' «Extraordinaire des guerre» se procuraient les fonds dont ils avaient besoin à l'étranger et en pays ennemi...

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La «Nation suisse», c'est-à-dire les Saints-Gallois de Lyon, d'ailleurs souvent étroitement liés, à Genève ou même entrés dans sa bourgeoisie, y jouent un rôle comparable; mais c'est un groupe de grands négociants, et non toute une ville, qui se trouve ainsi engagé dans les affaires de finance; rôle considérable, de premier plan pour quelques-uns d'entre eux, mais en somme accidentel et éphémère...

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Encore à l'époque neckerienne, en 1776, Lord North éstime que près de la moitié des fonds publics anglais - 68 millions de livres sterling sur un total de 140 - est placée à l'étranger, dont 59 millions en Hollande, mais aussi 8 millions en Suisse et à Genève... et peut-être un million en France. Le marché financier français vit en vase clos, si même orn peut parler de marché financier; après la courte flambée des emprunts loteries de la Compagnie des Indes en 1724, dernier soubresaut des spéculations du Système, la Bourse de Paris, officiellement fondée cette année-là, retombe dans une longue 1'éthargie et, vers le milieu du siècle, semble morte. A l'exception des armements et expéditions maritimes, l'économie privée, d'ailleurs étroitement soumise à la tutelle administrative, n'offre guère de placements non plus aux capitaux flottants.

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La Réalité de la vie économique de la France est d'ailleurs: dans le grand "royaume agricole" analysé pas Quesnay, d'oû toute la société établie, et le roi en tête, tirent leur rente foncière; dans les dynasties de la finance et particuliérement de la ferme générale qui partagent avec le roi les ressources du royaume; dans le commerce d'Espagne, pourvoyeur de matières d'argent, redevenu le seul qui mérite attention, et le commerce colonial, celui "des Iles d'Amérique" surtout, avec ses dynasties de négociants-armateurs-négriers-planteurs. A ces courants commerciaux, les Genevois prennet leur part qui, nous le verrons, esr plus que leur portion congrue, mais néanmois ne fait le poids; presque négligeable, dans l'ensemble....

[Herbert Lüthy, La Banque Protestante en France - De la Révocation de l'Edit de Nantes à la Révolution, Paris 1959, Bd. 2, S. 424ff.]